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Ordination presbytérale

Mgr Aubertin, archevêque de Tours, a ordonné François Coüasnon, ce dimanche 2 juillet 2017, en la cathédrale Saint-Gatien. Voici son homélie.

Cher François, 

Alors que nous célébrons, en ce jour, l’anniversaire de l’ordination épiscopale de saint Martin, en ce jour où se clôture cette année jubilaire, voici que je vais refaire pour toi le geste antique de l’imposition des mains…  Ce geste, Paul l’évoque dans la lettre qu’il adresse à son disciple Timothée. Nous voyons que le souci de Paul est de confirmer son disciple dans sa vocation et pour cela  Paul  part de l’imposition des mains, geste que Jésus lui-même a utilisé. Ce geste simple est le signe d’une réalité intérieure forte. Dans les Evangiles, l’imposition des mains est signe de guérison, signe de retour à la vie…  Dans les récits des Actes des Apôtres, l’imposition des mains est caractéristique du don de l’Esprit. De Jésus aux apôtres, des apôtres à Paul, de Paul à Timothée, de Timothée à tant d’autres, peu à peu ce geste devient le signe de consécration à une mission et ce geste se retrouve tout au long de notre vie : au moment de notre baptême, au moment de la confirmation, au moment du sacrement de l’Ordre et  nous le retrouvons jusque dans la maladie.

Par l’imposition des mains, le Seigneur donne l’assurance de pouvoir accomplir la Mission qu’il  confie à  son envoyé et les textes que nous venons d’entendre sont tout à fait clairs : la mission que le Seigneur nous confie ne va pas de soi…

François, voici qu’aujourd’hui  par l’imposition des mains le Seigneur t’assure du don de son Esprit , cet Esprit qui est Amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maitrise de soi… comme le dit Paul dans sa lettre aux Galates, mais ce don est fait en vue d’un service, d’un ministère particulier.

En cette période d’ordinations, dans notre pays, une centaine de jeunes hommes sont devenus ou deviennent prêtres… nous voyons qu’à  travers des gestes tout simples, un  acte de confiance immense est posé : voici que le Seigneur confie à des hommes fragiles la mission d’être témoins de son Amour et cela non seulement pour une ou deux années mais pour  toute la durée de leur vie… et au même moment voici que des hommes mettent leur confiance en Dieu au point de lui remettre leur vie entière pour le service de son Evangile… Une double confiance : de Dieu en l’homme  et de l’homme en Dieu.  

Jeudi dernier, le Saint-Père s’adressant aux nouveaux cardinaux et archevêques leur disait, et au delà d’eux disait à chacun de nous, que la liturgie de la fête des apôtres Pierre et Paul nous offrait trois mots essentiels pour la vie de tout apôtre: la confession, la persécution et la prière… La confession, c’est d’abord la reconnaissance du Christ, la reconnaissance de sa seigneurie… la reconnaissance de l’appel qu’il nous adresse… Il nous faut nous demander ce que le Christ est pour chacun de nous : le Fils du Dieu vivant ?… vivant en nous ? Est-ce que nous sommes prêts à ne vivre que de lui, que pour lui ? Confesser notre foi, c’est reconnaître qui est le Christ, reconnaître ce que nous lui devons, c’est reconnaître qu’il a le droit de solliciter notre liberté…

«  Prends ta part de souffrance pour l’annonce de l’Evangile, dit Paul à Timothée … »  Nous le savons, ce ne sont pas seulement les deux colonnes de l’Eglise qui ont versé leur sang par amour pour le Christ… les Actes des Apôtres nous disent bien que c’est toute la communauté qui a été persécutée… l’histoire de l’Eglise témoigne de ces cohortes de témoins fidèles au Christ jusqu’au don de leur vie…

Le Séminaire, dans lequel tu es formé, a été le théâtre du martyre  de Pierre Ploquin, né à Villandry, d’ Armand Chapt de Rastignac, chanoine de Saint Martin… et de leurs compagnons… Il a été également le lieu de formation du Père Christian de Chergé, prieur de Tibhirine… L’actualité de notre monde nous révèle bien que la persécution ne concerne pas seulement le passé… mais qu’elle est bien présente partout dans notre monde.

En entendant cette injonction de Paul, en entendant ce passage de la lettre de Paul aux chrétiens de Corinthe que tu as choisi pour cette célébration,   la préface que l’on utilise à la Messe des saints martyrs me revient à l’esprit … je veux la relire en partie car elle nous redit jusqu’où va notre vocation de baptisés, de consacrés, de diacres, de prêtres : « Nous reconnaissons un signe éclatant de ta grâce dans le martyre de diacres comme  Etienne, Laurent et tant d’autres, de prêtres ou d’évêques comme Polycarpe, Clément, Hippolyte, Cyprien … de tant de baptisés sur tous les continents et à toutes les époques…

En donnant leur vie comme le Christ, ils ont glorifié ton Nom : c’est ta puissance qui se déploie dans la faiblesse quand tu donnes à des êtres fragiles de te rendre témoignage. »

Ce texte de la liturgie nous montre combien la grâce peut être puissante lorsqu’elle est accueillie. Je ne souhaite à personne de se trouver dans une situation où il faudrait aller jusqu’au témoignage suprême dans le don sanglant de sa vie, mais nous ne devons pas oublier que nous sommes tous appelés à être des témoins de Jésus Christ.

Chers Frères prêtres, nous ne sommes pas venus aujourd’hui en simples témoins de l’engagement d’un de nos frères, chacun d’entre nous est appelé à « réveiller en lui-même le don reçu », chacun d’entre nous est appelé à en témoigner chaque jour et le témoignage ne peut que s’enraciner dans la foi…

Frères et sœurs baptisés, vous êtes vous aussi appelés à faire mémoire de cette imposition des mains qui a été faite à votre baptême, à votre confirmation, comme les disciples il vous faut vivre de la foi, comme eux vous devez demander au Seigneur d’augmenter votre Foi… 

Mais pour être vraie, celle-ci doit s’inscrire en vos actes, Paul ira jusqu’à dire dans sa 1ère lettre aux Corinthiens « quand j’aurais une foi à transporter les montagnes, si je n’ai pas la charité cela ne me sert de rien » (1co, 13, 2).

François, ton engagement de ce jour s’enracine dans ta foi, il s’enracine dans tous les engagements pris depuis ton baptême, mais il n’aura de sens que s’il s’épanouit dans une charité véritable, une charité active et rayonnante. La foi consiste à mettre humblement  ta confiance en Dieu, à entrer dans une réciprocité d’amour gratuite : fais confiance à ce Dieu  qui te fait confiance… accueille cette minuscule graine de moutarde ;  Jésus, le Christ nous dit qu’elle fructifiera…

François, avant que je t’impose les mains voici que nous allons chanter ce que nous appelons la litanie des saints ; ce chant qui pourrait paraître monotone à certains est une richesse de notre vie en Eglise.  Cette longue invocation nous fait prendre conscience que nous appartenons à un Peuple immense de serviteurs de Dieu... Les saints ont en quelque sorte incarné quelque chose de la Sainteté de Dieu même et c'est dans cette lignée que nous voulons inscrire nos vies… dans cette lignée que tu veux situer l’engagement de ce jour.

Confession, persécution disait le Saint-Père, le troisième mot qu’il évoquait est celui de Prière. «  La vie de l’apôtre, qui jaillit de la confession et débouche en offrande se déroule dans la prière quotidienne… elle nourrit l’espérance et fait grandir la confiance… elle nous soutient et nous fait surmonter les épreuves. »

François, n’aie pas peur. Il est fidèle celui qui t’appelle… La vie d’un prêtre, comme toute vie d’ailleurs, n’est pas un long fleuve tranquille, elle est cependant source de vrai bonheur si notre vie est à la fois reçue comme un don de Dieu et donnée avec générosité pour la gloire de Dieu et le salut du monde… Que saint Martin soit pour toi un intercesseur et un modèle…

ET vous les jeunes ne pensez pas que le Seigneur n’adresse son appel qu’à des super héros… Si tel avait été le cas… je ne serais sûrement pas là aujourd’hui…

Frères prêtres et diacres, soeurs et frères consacrés, sœurs et frères baptisés si vous accueillez  en vos vies l’amour fidèle de Dieu … soyez en sûrs, il sera votre force et  il vous introduira tous dans sa sainteté.

Mgr Bernard-Nicolas Aubertin, archevêque de Tours

A voir : 

Ecoutez ou réécoutez l'homélie de Mgr Aubertin telle qu'il l'a prononcée à la cathédrale.

A savoir :

C’est au cours d’une célébration eucharistique qu’a lieu l’ordination.

Après l’entrée solennelle, il est procédé à :

  • l’appel du candidat ;
  • puis on le présente officiellement ;

Après la liturgie de la Parole, vient l’ordination elle-même, avec notamment (Photos ci-dessus) :

  • l'engagement de l’ordinand à vivre selon son état futur de prêtres ;
  • la promesse de vivre l’obéissance (envers l’Evêque et ses successeurs) ;
  • la litanie des saints et la prostration (allongé sur le sol) ;
  • l'imposition des mains (de l’Evêque et des prêtres) ;
  • la remise de l’étole et de la chasuble ;
  • la remise du pain et du vin ;
  • le geste de paix.

A quoi s'engage l'ordinand ?

Réponse en vidéo :