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Mot de l'Archevêque

Communiqué 6

Communiqué 6

Dès ce lundi 11 mai, nous sortirons progressivement du confinement dans lequel nous nous trouvons depuis près de deux mois en raison d’une pandémie mondiale. Avant toutes choses je voudrais encore une fois remercier tous ceux et toutes celles grâce à qui la lutte contre la maladie a pu être assurée et la vie ordinaire se poursuivre. Je veux aussi dire toute ma proximité et assurer de ma prière tous ceux et celles qui portent la souffrance de la perte d’un être cher ou l’inquiétude de la maladie d’un proche.

Cette situation inédite et historique a aussi eu un effet sur notre vie ecclésiale. Je veux aussi remercier d’emblée tous ceux et toutes celles qui ont assuré une présence auprès des malades, des personnes isolées et en situation de précarité, particulièrement l’engagement de nos associations caritatives. Je veux remercier les prêtres de notre diocèse qui ont eu le souci de rester en lien avec les communautés qui leur sont confiées malgré l’impossibilité de se rassembler et de célébrer le culte public. Soulignons à ce propos que nos églises ont toujours pu rester ouvertes et que les restrictions de célébration sont similaires à celle de nos pays voisins comme l’Allemagne ou l’Italie.

Cette situation inédite pour notre Eglise a été source d’une vraie souffrance pour de nombreux fidèles malgré la créativité et les moyens mis en œuvre pour garder une communion spirituelle entre nous. Cette expérience douloureuse nous permet ainsi de reprendre conscience de ce qui nous constitue. Notre Eglise catholique, corps du Christ, n’est pas d’abord le lieu d’une expérience individuelle ou même familiale, elle est toute à la fois personnelle, car la foi est un engagement libre de toute la personne, et communautaire car ce qui constitue l’Eglise c’est l’assemblée des baptisés, l’assemblée que Dieu lui-même génère. Plus encore, notre Eglise, assemblée de ceux qui entendent la Parole et veulent en vivre, est un sacrement, « le signe visible d’une réalité invisible ». Comme Jésus rend visible le Père, « qui me voit, voit le Père » (Jn 14,9), l’Eglise manifeste le Christ dans le monde et dans l’histoire. C’est bien pourquoi il nous est nécessaire de nous rassembler pour rendre visible le salut. Depuis des semaines vous manque, chers fidèles, le fait de vous retrouver en assemblée, de faire corps et de recevoir le corps du Christ. Depuis des semaines vos prêtres – ils m’en ont partagé la souffrance – souffrent de célébrer sans votre présence, celle du corps qu’est l’Eglise.

La levée du confinement à partir du 11 mai va nous permettre de retrouver progressivement une vie d’Eglise. A partir de ce lundi, l’accueil dans les églises pourra à nouveau être organisé en ne dépassant pas le nombre de 10 personnes. Il sera nécessaire de mettre en œuvre les gestes barrières demandés par les pouvoirs publics et exigés par la charité authentique qui nous commande de ne pas prendre de risques et de ne pas en faire courir aux autres en ce temps de pandémie qui n’est pas fini. Un accueil peut donc être organisé dans les églises pour proposer de l’écoute, la célébration du sacrement de la réconciliation ou encore en proposant des temps d’exposition du Saint Sacrement ou de méditation de la Parole de Dieu. Il s’agit de retrouver peu à peu le chemin de nos églises. La célébration du culte n’est pas encore possible exceptée la célébration des funérailles avec une limite maximale de 20 personnes. Ce n’est que fin mai au mieux ou début juin que le culte public pourra pleinement reprendre.

Un temps nous est donc offert pour nous préparer à la Pentecôte et à la reprise de la vie ecclésiale. En ce sens, je vous encourage à vivre ce mois de mai en approfondissant la dimension mariale de votre prière par le chapelet, mais aussi par une attention à votre intériorité à l’image de Marie qui « gardait toutes choses en son cœur » (Lc 2, 19). Je propose aussi que nous puissions prier ensemble la neuvaine préparatoire à la Pentecôte comme l’Eglise rassemblée dans la chambre haute avec les disciples et où se trouvait la Mère de Jésus (Ac 1,13-14). Cela nous permettra de nourrir notre espérance afin de reprendre une vie d’Eglise authentique et profonde. Cela nous permettra de reprendre le culte de manière habituelle, mais aussi de partager ce que nous y recevons. La sortie du confinement s’accompagnera certainement d’une crise économique et sociale. Certains ne pourront pas sortir tout de suite, comme nos aînés dans les EHPAD, et nous pensons particulièrement à eux. Nous aurons donc à cœur, à notre niveau et en lien avec d’autres réalités de la société, de participer à la remise en route de notre pays et à favoriser la paix sociale et l’espérance.

A la suite de saint Martin, modèle de prière et modèle de charité, rappelons-nous toujours, quelle que soit notre mission dans l’Eglise, que c’est par les fruits de la charité que l’on verra que nous sommes des disciples de Jésus. (Cf. Jn 13,25)

Que notre saint patron nous ouvre la route de l’espérance sous la conduite de l’Esprit et par l’intercession de la mère de Dieu.

‡ VINCENT JORDY, ARCHEVEQUE DE TOURS, Tours, le dimanche 10 mai 2020