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Paroisse St BriceActualitésLe dimanche de la Parole de Dieu

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Le dimanche de la Parole de Dieu

Institué par le pape en 2019, ce dimanche tombe le 22 janvier.

Avec le Motu proprio Aperuit illis, publié le 30 septembre 2019, et l’institution du Dimanche de la Parole de Dieu, le pape François nous donne, à chaque année liturgique, une belle occasion de réfléchir sur la place centrale de la Parole de Dieu en catéchèse. Le pape invite également les baptisés et les communautés chrétiennes à prolonger ce jour par un approfondissement renouvelé de l’Ecriture Sainte où Dieu ne cesse de dialoguer avec son peuple.

« Elle est vivante la Parole de Dieu » (He 4, 12)

Dieu continue à nous parler aujourd’hui quand on écoute l’Ancien et le Nouveau Testament.

Dieu parle !

Le lecteur de la Bible ne met pas longtemps à s’en rendre compte… À peine a-t-il ouvert la Genèse, le premier livre de cette grande bibliothèque, qu’il peut découvrir Dieu créant par sa Parole : il dit et cela se fait. Le psalmiste le chante avec ces mots : « Le Seigneur a fait les cieux par sa parole, l’univers, par le souffle de sa bouche. Il parla, et ce qu’il dit exista ; il commanda, et ce qu’il dit survint. » (Ps 32,6.9) Dieu parle et c’est une parole performative, efficace, sans distance ou séparation entre le dire et le faire. À y regarder de plus près, Dieu est même un grand bavard dans les textes bibliques, et au gré des pages, le lecteur découvre que tout n’est qu’histoires de rencontres et relations entre Dieu et la Création.

Avant l’écrit…

N’oublions pas ce qui a précédé les écrits que nous tenons entre nos mains aujourd’hui : la longue transmission orale ! Dans des situations différentes, c’est le même processus qui a été observé pour les ouvrages de l’Ancien et du Nouveau Testament : une parole vivante, reflet d’une foi vécue, qui se transmet d’abord oralement. En effet, rappelons qu’une grande partie des textes bibliques de l’Ancien Testament a été mise par écrit durant un temps de crise identitaire (lors de l’exil à Babylone) et que les évangiles du Nouveau Testament ont été rédigés longtemps après les évènements. Dans les deux cas, le passage de l’oral à l’écrit répondait à un besoin et à un désir de sauvegarde, de transmission et de partage du témoignage de foi. Ce processus n’avait pas pour but de figer des textes sur un papier, de les emprisonner pour en faire des récits de circonstances datés, mais cela avait pour but d’offrir ces paroles de foi aux générations suivantes, pour qu’elles puissent, elles aussi – en écoutant et lisant ces écrits – tisser une relation avec Dieu. Cette précision est donc fondamentale, car aucun texte contenu dans la Bible n’est un reportage pris sur le vif. Ils sont tous le fruit d’une longue élaboration, méditation et transmission… Le pape François le rappelait en instituant un Dimanche de la Parole : « avant de devenir un texte écrit, la Parole de Dieu a été transmise oralement et maintenue vivante par la foi d’un peuple qui la reconnaissait comme son histoire et son principe d’identité parmi tant d’autres peuples. La foi biblique se fonde donc sur la Parole vivante et non pas sur un livre. »1

Une Parole incarnée

C’est là le grand mystère de notre foi et l’articulation profonde entre les deux volets de la Bible. La Parole entre d’une nouvelle manière en relation avec l’humanité, devenant plus proche que jamais en la personne de Jésus, Verbe fait chair. Une nouvelle actualité est donnée à la lumière de cet évènement, apportant sens et dynamisme aux Écritures2 . Cette lecture christologique, que l’on voit initiée par Jésus lui-même dans les évangiles, se retrouve particulièrement mise en relief dans un passage du livre des Actes des apôtres, l’instant de catéchèse entre Philippe et l’eunuque éthiopien (Ac 8,26-40) : les textes bibliques sont un lieu de rencontre avec Jésus.

Entrer dans les textes et se nourrir

Comme l’eunuque, nous connaissons parfois des difficultés et nous éprouvons le besoin d’être guidé dans une démarche d’intelligence du texte biblique, encore plus en ces temps où les codes culturels bibliques deviennent moins évidents à comprendre. L’authentique actualité des textes bibliques résonne à l’oreille de celui qui se met en marche et se laisser travailler par eux, sous la mouvance de l’Esprit Saint3. Ces écrits, jeunes de leurs deux ou trois millénaires, surprennent toujours tant ils contiennent les questions les plus essentielles de la vie. Se mettre à l’écoute des textes bibliques, c’est se nourrir de cette Parole efficace, qui transforme comme le déclame Isaïe (Is 55,10-11). C’est une lumière sur les pas du croyant, un délice pour son palais (le long psaume 118 catalyse beaucoup de ces images liées à la Parole). « Heureux » est donc l’homme qui la murmure jour et nuit (ou « rumine » selon l’un des sens du verbe hébraïque du Ps 1,2), il sera comme un arbre vivant, dont la sève, source de vie lui donnera du fruit en abondance et gardera son feuillage en bonne santé. Ainsi la Parole est vivante et nourrissante !

Une Parole à accueillir

Les écrits bibliques ne se lisent pas qu’avec les yeux, mais ils s’accueillent dans un cœur brûlant (Lc 24,32). Notre esprit et notre cœur sont une terre à travailler pour que puisse y germer la semence de la Parole. L’exégèse, l’étude du texte biblique, est toujours en mouvement, en recherche continue pour une herméneutique grandie. Dans une catéchèse récente, le pape appelait ne pas être des « perroquets » face aux textes bibliques, à ne pas lire et répéter sans aucune démarche de compréhension intérieure, car ce texte que nous lisons est chemin de rencontre : « est-ce que tu sais que tu es en train de rencontrer le Seigneur dans ce verset ? »4 .

Source : CEF - Élodie VERDUN-SOMMERHALTER, bibliste, diocèse de Strasbourg